« En finir avec l’éducation lucrative »

« Depuis la dictature d’Augusto Pinochet, l’éducation a été privatisée. Les étudiants doivent s’endetter sur dix ou quinze ans, parfois plus, pour pouvoir obtenir un diplôme. Un graal qui n’est pourtant pas toujours si légitime que ça. De nombreux étudiants chiliens ont l’impression d’être considérés comme des clients dans une université régie par la logique du bénéfice, sans forcément fournir une éducation de qualité.

A l’occasion de son passage à Paris, le 6 novembre, en tant qu’ambassadeur d’une chaire pour l’accès à l’éducation supérieure parrainée par l’Unesco au Chili, Moisés Paredes l’a expliqué : « Aujourd’hui, n’importe qui peut ouvrir une école privée au Chili », assure ce fils de pasteur protestant. Selon lui, le secteur éducatif de son pays est fortement infiltré par des investisseurs qui créent des écoles pour les revendre au prix fort. « Il y a une forte inégalité entre les élèves du privé, venant des familles qui ont les moyens de payer des frais d’inscriptions, et les élèves des écoles publiques. » Cette disparité constitue la principale source des inégalités : d’abord sur le plan scolaire, puis sur le plan universitaire, influant ensuite sur l’emploi et donc sur le niveau de vie des citoyens.

[...] Pour ce « militant de gauche », comme Moisés se définit, le problème de l'éducation au Chili découle d’une insuffisance de moyens et de la mauvaise gestion de l’État. « Les subventions gouvernementales distribuées aux établissements secondaires ne varient pas en fonction des établissements et de leurs zones géographiques. La même somme est distribuée à tout le monde. Ces aides sont insuffisantes et ne permettent pas de rémunérer les professeurs qui sont payés par la municipalité, critique le jeune homme. D'un point de vue financier et pédagogique, on peut dire que les lycées sont dirigés par les mairies ! Et c'est la racine du problème : les communes riches peuvent investir beaucoup d’argent dans le domaine scolaire, contrairement à la majorité des autres villes. » Cette disparité, mise en place sous l’ère Pinochet, constitue la pierre angulaire des inégalités entre les établissements secondaires. »

Source : http://mondeacinter.blog.lemonde.fr/2013/10/23/au-chili-les-etudiants-ne-veulent-plus-etre-des-clients/

Voir aussi le webdocumentaire réalisé par Marie-Laure Mathot sur le mouvement étudiant au Chili : http://www.educationlucrative.com/

Photo : Moisés Paredes, lycéen, porte-parole de la CONES, président du syndicat de son lycée (Arturo Allessandri Palma, Santiago) et ambassadeur d'une chaire parrainée par l'Unesco pour l'accès à l'éducation supérieure  © Tom Lanneau

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