L'éducation au service de l'obéissance

TyrIci, on assiste au retour aux notes ; là, on démantèle petit à petit une réforme de l’enseignement primaire fondée sur la mise en oeuvre de cycles d’apprentissage. Devant des projets pédagogiques qui laissent aux enfants le temps de découvrir et d’apprendre, l’on s’impatiente du peu de résultats apparents à court terme de cette approche.C’est que l’on prétendpour avancer que c'est enqu’en général l'enseignement frontal structuré qui procurepermet les apprentissages les plus rapides, les plus solides et les plus durables. Mais derrière Cces propos plus ou moins démagogiques qui visent à discréditer une éducation qui remet en question dans ses fondements mêmes les abus d’autorité et les dérapages de la « méthode forte ». Mais n’y a t-il pas cela dit, comme certains l’ont écrit, une intention non avouée de lutter non pas contre l’échec scolaire mais contre les élèves en échec ?

Demandons donc, au passage, aux thuriféraires de la loi et de l’ordre dans l’école, comment il se fait que les élèves finlandais qui ne sont évalués qu’une fois à la fin du primaire seront les mêmes qui, à 15 ans, seront les meilleurs sinon parmi les tout premiers aux tests de performances en langues et en mathématiques de l’Organisation de la coopération et du développement économique ?

Ce qui est en cause dans le débat qui a cours, c’est que la promotion des notes chiffrées sert d’excellent prétexte pour imposer à l’école le choix d’un modèle de comportement qui prépare les enfants à intérioriser l’idée que la hiérarchisation scolaire – et plus tard sociale - est une chose bonne en soi, sans autre procès. Cela fait un peu penser à ce qu’écrivait Célestin Freinet en montrant qu’une école essentiellement préoccupée de l’autorité qu’elle impose transforme les enfants en des chiens de bergers que la vie a dressés à suivre passivement le maître.

Il y a pourtant depuis nombre d’années des écoles de par le monde qui forment des enfants sans notes ni rangs. Mais généralement qualifiées par les pouvoirs qui les tolèrent d’exceptions qui confirment la règle, elles ne semblent guère exercer une influence durable auprès des décideurs politiques. C’est peut-être parce que ces derniers estiment d’abord et avant tout que l’école est une arène politique où défilent invariablement un cortège de gagnants et de perdants.

Illustration : dessin de Plantu (France)

Références

Journal de l’Association des parents intéressés et concernés par la scolarité (ASPICS), 9 novembre 2005. http://www.aspics.ch/journal/journal09/journal09.html

Syndicats des enseignants romands. Les Assises romandes de l’éducation, 23 septembre 2006. http://www.le-ser.ch/ser/even/assises_06_presentation.html

Robert, Paul. L’éducation en Finlande. Les secrets d’une étonnante réussite. http://education.devenir.free.fr/Tribune10.htm

Freinet, Célestin (1959). « Les aigles ne montent pas l’escalier ». In : Les dits de Mathieu. Neuchâtel : Delachaux et Niestlé.

Source L'éducation au service de l'obéissance, La Lettre de l'EIP n°40, mai-juin 2007 : http://portail-eip.org/Fr/Publications/Lettre/40/lettre40.html

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