Enquête de victimation et Climat scolaire

Enquête de victimation et Climat scolaire auprès des personnels de l’éducation nationale en Seine-Saint-Denis Rapport intermédiaire auprès du Conseil Général et de l’Inspection Académique

« Le rapport ici présenté concerne la toute première enquête de victimation en milieu scolaire menée en France à l’échelle d’un département – seules existent une enquête nationale menée par notre observatoire auprès des enseignants du premier degré (à paraître, mars 2012) et une autre auprès des personnels de direction (Debarbieux et Fotinos, 2010). Si en effet la France s’est intéressée à la mise en place d’enquêtes de victimation auprès des élèves (par exemple DEPP, 2011) le point de vue des personnels n’a guère été sollicité. Cependant et de manière récurrente l’opinion publique est alertée par des faits-divers mettant en scène la violence contre des enseignants ou des personnels de direction (pour un recensement de ces faits voir Debarbieux et Fotinos 2010). Nous ne courons évidemment pas après ces faits-divers, dont il ne faut pas minimiser l’impact sur les victimes, les témoins et les agresseurs mais qu’il convient aussi de ne pas placer dans une « série » qui banaliserait la violence paroxystique.

La position de l’Observatoire International de la Violence à l’École quant à la nécessité d’une mesure du phénomène « violence à l’école » est en effet constante depuis plus de 15 ans maintenant : cette mesure est importante pour se prémunir du risque d’exagérer cette violence en entraînant des dérives sécuritaires outrées. Mais tout autant il convient de se méfier du déni de la réalité de cette violence avec son oubli des victimes : la « violence » peut être de bas bruit, mais sa répétition peut entraîner des troubles importants pour ceux qui en pâtissent et pour l’environnement scolaire. Ni exagération, ni négation, il est nécessaire d’asseoir rationnellement l’action publique – tant au niveau national qu’aux échelons locaux et intermédiaires. Il faut connaître les types de violence principaux et leur fréquence, les expériences des victimes et les conséquences de leur victimation pour éviter de se faire happer par le fait-divers, l’exceptionnel qui recouvre de son bruit la parole des victimes ordinaires (Dinkes et alii, 2006). C’est dans cette perspective qu’à la demande du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis et de l’Inspection d’Académie nous avons effectué cette enquête.

Le premier rôle de la quantification de la violence est un rôle critique : il est déconstruction de l’émotionnel et du fait-divers, et c’est un droit d’information du public. Plutôt que de partir sur des négations ou sur des fantasmes, ce type d’enquête permet de mieux orienter l’action. C’est aussi la certitude partagée par la Mission Prévention de la violence à l’école du Conseil Général qui a été d’une aide inestimable quant à ce travail.

Le deuxième rôle de la quantification de la violence est de donner la parole aux victimes. Au sens propre du terme, il s’agit de les prendre en compte. C’est une manière de les connaître et de pas les nier dans leur souffrance.

Le troisième rôle de la quantification de la violence est un rôle à la fois diagnostique et évaluatif. Ce diagnostic peut être individuel, à l’échelle d’une école, d’un réseau de formation, d’un département ou d’une région et à celle d’un pays. C’est aussi une possibilité d’évaluer cette action : l’amélioration du climat scolaire, la diminution du nombre de victimes et de la dureté des agressions peuvent être mesurées si l’on dispose du diagnostic préalable, sinon on restera dans la foi, pour les partisans des actions mises en place ou dans le doute, pour leurs adversaires comme pour les fatalistes.. Savoir où faire porter l’action et la prévention, comprendre l’évolution du problème et savoir informer le plus objectivement possible sur la réalité du phénomène sont trois nécessités politiques. La mesure scientifique et indépendante est indispensable pour pouvoir évaluer dans la durée l’efficacité des politiques publiques, pour pouvoir les corriger, éventuellement dans leurs effets-pervers.

A l’heure où nous écrivons ces lignes 2318 personnes ont répondu à cette enquête administrée depuis le 5 décembre 2011 par Internet par un mailing envoyé d’une part sur l’adresse électronique professionnelle des personnels et auprès des sociétaires de la MAIF en Seine Saint Denis. C’est leur 6 expérience que nous entendons restituer ici en les remerciant de leur confiance. Le rapport définitif intégrant les dernières réponses (l’enquête reste ouverte jusqu’au 26 janvier) sera présenté en mars, à l’heure où nous lancerons nos enquêtes auprès des élèves des établissements volontaires de quatre villes de ce département. »

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