La problématique de l'éducation à la paix a la lumière de deux Représentants de l'éducation Nouvelle : Célestin Freinet et Maria Montessori
Thèse de doctorat présentée en 2004 par Jacques Annebeau
« L'étude du thème de l'éducation à la paix en regard des options spécifiques, éducatives et pédagogiques - historiquement ancrées - de Célestin Freinet et Maria Montessori, inscrites dans le mouvement de l'Education nouvelle, imposent avant tout d'interroger le concept de paix à la lumière des approches philosophiques. La notion de conflit, comme lieu - d'espace et de temps, moment différé à la violence - où s'articulent les rapports de tensions entre les contraires mis en présence, apparaît dès lors comme l'élément central à prendre en considération dans ce qui caractérise les relations humaines, afin que ces dernières ne dégénèrent pas en violence aveugle.
S'il est indéniable que les deux pédagogues ont été animés par un profond désir de voir la paix s'installer dans le monde après deux catastrophes mondiales, il n'en demeure pas moins que leurs approches en ce domaine révèlent, à l'instar de leur attitude vis à vis des conflits armés, un déni de la notion même de conflit au sein des relations entre les hommes et par voie de conséquence de la valeur qui lui est attachée.
L'établissement d'une adéquation entre nature et paix, renforcée en cette époque charnière du début du XXe siècle, amène Célestin Freinet et Maria Montessori à asseoir leurs conceptions, pour l'un comme pour l'autre, sur les bases du naturalisme et du vitalisme en prenant, pour Maria Montessori plus particulièrement, le chemin de la religion. C'est en cela que les conceptions et démarches de ces deux pédagogues, s'inscrivant dans le mouvement plus général de l'Education nouvelle, s'appuient sur la nécessité de l'éradication des conflits.
Outre le fait que par la voie du pacifisme, la paix ne saurait advenir, l'éducation à la paix demeure un problème parce qu'elle se doit de considérer la composante conflictuelle tant dans les relations inter-individuelles qu'inter-éthniques et inter-étatiques. Il reste au demeurant que non seulement on peut mais que l'on doit éduquer à la paix, au risque de la violence possible, afin d'assurer aux futures générations l'apprentissage de liberté et de l'autonomie. »
Illustration : http://4cristol.over-blog.com/article-pensee-pour-l-apprenance-ovide-decroly-103328420.html