L’éducation et la paix. Maria Montessori

« Les enfants de la paix ». Le texte éclaire l’effort de Maria Montessori pour sensibiliser l’opinion internationale à l’importance de l’éducation de l’enfant afin de créer une culture de la paix qui soit enracinée dans l’homme dès les premières années de sa vie.

Entre 1932 et 1939, Maria Montessori propose une série de conférences sur les liens entre l’éducation et la paix en soutenant l’idée positive d’une réforme sociale constructive. À la base de ces discours il y a la conviction que l’humanité doit s’organiser dans une coopération universelle, car la frontière la plus vulnérable n’est pas la limite géographique séparant deux pays, mais l’impréparation de l’homme et l’isolement des individus.

À l’occasion d’un discours prononcé à l’Office international de l’éducation (Genève, 1932) Maria Montessori dénonce le fait que la paix n’a jamais été l’objet d’une démarche cohérente de recherche qui puisse porter le nom de science et souligne l’importance de mettre clairement en lumière la profonde différence existant entre les objectifs moraux contradictoires de la guerre et de la paix. À son avis toutes les nations de la terre, au lieu de former une alliance en vue d’éviter un conflit armé, demeurent aveugles aux causes premières de la guerre car nous vivons dans un état de paralysie morale qui obscurcit la raison. Pour éliminer ces manques il faut donc prendre l’enfant comme point de départ et surtout croire en sa capacité à régénérer la race humaine et la société : la déficience, la faiblesse, la servitude et l’arrêt de la personnalité sont toujours le résultat d’une éducation qui n’est qu’un affrontement aveugle entre le fort (l’adulte) et le faible (l’enfant). Voilà pourquoi est indispensable la construction d’un environnement qui puisse libérer l’homme de ses frustrations et qui ne pose pas de limites à ses aspirations infinies.

Au cours d’une conférence prononcée devant le Congrès européen pour la paix (Bruxelles, le 3 septembre 1936) Montessori salue la naissance de l’humanité en tant qu’organisme et dénonce en même temps l’incapacité de l’homme à grandir au rythme des progrès qu’il a accomplis dans son environnement matériel.
Au cours d’une série de conférences prononcées au sixième Congrès international Montessori (Copenague, 1937), Montessori elle-même dénonce la condition de l’enfant comme celle d’un « citoyen oublié » et considère l’éducation de l’enfant et le développement de son autonomie comme une question sociale de la plus haute importance. À son avis, ce processus de libération est extrêmement important car l’enfant qui est libre d’agir se guérit de toutes ses déformations psychiques et devient le maître de ses propres dynamismes : l’amour n’est pas la cause mais l’effet du développement normal de l’individu. Nos efforts doivent donc se consacrer à aider l’enfant à se perfectionner lui-même par le contact avec la réalité car nous ne pouvons pas élever le niveau de l’humanité seulement par la culture.

Les conférences prononcées à l’École internationale de philosophie (Amesfoort, le 28 décembre 1937) révèlent une véritable préoccupation pour l’émancipation de l’enfant car, selon Montessori, l’homme réprimé risque de rester étranger à lui-même pour toujours. De ce point de vue, l’homme, en créant cette sorte de « supernature » éthique et matérielle qui est son environnement, s’est transformé lui-même et est devenu une personnalité au lieu de demeurer une simple individualité ; pour Montessori l’échelle de l’évolution débute là où des individus commencent à vivre leur propre vie : seule l’autonomie individuelle peut donc soutenir « l’effort de création » nécessaire à nous libérer de la guerre.

Commentaire
En premier lieu, il est intéressant de souligner que selon Montessori les rapports de soumission caractérisant nos sociétés et engendrant la guerre nous sont imposés surtout au moyen de l’éducation et pas exclusivement au moyen des institutions. Dans cette optique, les injustices que nous subissons au sein de notre environnement sont les mêmes que nous reproduisons à chaque génération car nous n’avons pas eu la possibilité de développer librement notre autonomie individuelle. De telles réflexions permettent à Montessori de découvrir que la dualité fort-faible (autrement dit : adulte-enfant) ne caractérise pas seulement les rapports individuels dans la famille, mais également ceux entre les États. C’est pourquoi il s’avère nécessaire de projeter un environnement où l’enfant puisse développer sa personnalité selon son rythme et ses possibilités afin de ne pas répliquer, une fois adulte, les mêmes frustrations « métabolisées » pendant son enfance. Il est donc intéressant de noter que pour Montessori les remèdes à l’inhumanité de la guerre doivent être recherchés non au sein de la culture, produit des adultes, mais au sein d’une éducation favorisant le développement des forces positives qui retournent sur la terre à chaque génération.

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Illustration tirée du site http://www.soloinfinity.com/enzo/blog/2013/01/15/maria-montessori-son-histoire/

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