L'éducation pour tous : progrès apparents ou apparence de progrès ?

Lettre de l'EIP n°45, janvier 2008

La dernière édition du Rapport de l’UNESCO sur l’éducation pour tous laisse planer l’incertitude sur les probabilités d’atteindre l’objectif visant l’accès de tous à l’éducation (EPT) à l’horizon 2015. Alternant optimisme modéré et réalisme teinté de pessimisme, le rapport propose une lecture en demi-teinte qui illustre parfaitement bien, à l’échelle mondiale, la géométrie variable de la réalisation du droit à l’éducation.

Rappelons qu’au cours des 12 dernières années, l’ONU a proclamé 12 décennies et une Déclaration du Millénaire. Ces proclamations participent d’ambitieux objectifs cristallisés autour du souhait de rendre le monde meilleur. Et lorsque ces objectifs ne sont pas atteints, il faut bien les reconduire. C’est le cas bien réel du report obligé de l’objectif de l’éducation pour tous formulé à Jomtien, en Thaïlande, en 1990. Dix ans plus tard, le Forum de Dakar, tenu au Sénégal, n’eût d’autre choix que d’en différer l’atteinte en 2015. À cet égard, le dernier rapport de l’UNESCO - à l’instar des précédents - évalue dans quelle mesure les engagements des États membres en faveur de l’EPT sont tenus concrètement sur le terrain.

Selon l’UNESCO, il y aurait un « effet Dakar » qui prouverait « que le rassemblement autour d’objectifs communs peut mobiliser les pays en faveur de l’autonomisation des individus. ». Le Rapport en veut pour preuves la suppression des frais de scolarité çà et là, l’aide aux familles pauvres, l’encouragement à la scolarisation des filles et la construction d’indicateurs permettant de mesurer les performances scolaires.

En revanche, le même Rapport souligne que l’indice de développement de l’éducation pour tous (IDE), calculé pour 129 pays, montre que 25 d’entre eux sont loin de réaliser l’EPT. À cela, le Rapport ajoute que 58 des 86 pays qui n’ont pas encore réalisé l’enseignement primaire universel n’y parviendront pas d’ici à 2015. Les filles, quant à elles, continuent d’avoir moins accès à l’éducation que les garçons dans plusieurs pays d’Afrique, dans les États arabes et en Asie du Sud et de l’Ouest.  Et la qualité de l’enseignement, dans son ensemble, serait loin d’être toujours au rendez-vous. Un bilan contrasté, donc, qui rend la notion de progrès de l’éducation toute relative, même au sein des pays riches où l’échec et l’abandon scolaires sont le lot d’une frange importance de l’effectif.

L’accès à tous à l’éducation commande un partage des richesses et la fin des conflits armés, injonctions qui ne sont pas à l’ordre du jour des grands sommets économiques ni des politiques des États puissants selon qui diplomatie et commerce d’armes continuent de faire très bon ménage. Une politique qui mène à la destruction et l’UNESCO n’y peut rien.

Illustration "Précipice" par Quat'rues

http://www.quat-rues.com/blog/index.php?post/2008/09/29/Sante-Education-pour-Tous-Un-t-shirt-Oxfam-France-Agir-ici-Made-By-Quatrues

Référence : UNESCO (2008). « L’éducation pour tous en 2015, un objectif accessible ? »

http://portal.unesco.org/education/fr/ev.php-
URL_ID=49591&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html

 

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