Éducation et discipline au collège

Thèse pour le doctorat de l’Université Bordeaux 2, mention : Sociétés, Politique, Santé publique, spécialité : Sociologie
Présentée et soutenue publiquement le 8 janvier 2013, par Alain Garcia

Résumé

Dans les collèges français, la question de l’éducation fait l’objet d’un traitement assez sombre : au niveau statutaire, elle marque en effet le faible prestige de certains personnels, ou de certaines matières enseignées. C’est le cas des conseillers et assistants d’éducation, ou, sur un autre plan, de l’éducation artistique, de l’éducation civique ou de l’éducation physique et sportive. La connotation négative de l’éducation apparaît aussi dans les discours quotidiens, enclins à dénoncer des carences. L’écart social entre les membres des classes moyennes cultivées et leurs élèves ne prédit pas, cependant, le niveau de tension. La construction d’un climat d’établissement joue en effet une fonction importante ; en second lieu, les situations éducatives les moins aisées obligent précisément à réfléchir en termes éducatifs. Il en ressort souvent un meilleur climat que dans des établissements peu exposés.

Dans l’imaginaire des professionnels, le collège n’aurait d’autre but que d’organiser la succession de cours entre enseignants savants et apprenants captivés. Depuis les débuts de la massification, les professeurs appliquent en réalité des pédagogies « bricolées », sans rapport avec les principes idéels. Malgré ces adaptations officieuses, les collégiens sont pénalisés par la segmentation des cours, l’étouffement de l’esprit critique, la faible intégration éducative et la relégation du « sale boulot » de discipline. Dans les établissements favorisés, l’insuffisance démocratique incite plutôt à l’utilitarisme, et au développement d’une culture juvénile antiscolaire ; dans les collèges populaires, les élèves en échec peuvent aussi opposer une violence.

Introduction

À l’instar d’autres systèmes éducatifs, l’École française cherche à instruire, à former, à socialiser, à éduquer et à classer. Dans l’enseignement secondaire, une hiérarchie de valeurs distingue ces notions, et n’accorde à l’éducation qu’un rôle subalterne. Une approche rituelle oppose en effet l’instruction – perçue comme la face « noble » de l’école – à l’éducation1 – pensée comme sa face « vulgaire ». Ce paradoxe est au centre de notre travail. Pourquoi l’éducation est-elle perçue comme une tâche indigne, dans les collèges et les lycées français2 ? Quelle réalité l’éducation recouvre-t-elle, pour faire ainsi l’objet de défiance ? Un amalgame de l’éducation et du maintien de l’ordre serait-il possible ?

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